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fréquentes et ce n’est pas une mince besogne en raison des habitudes (le malpropreté, malheureusement encore si communes à nos classes pauvres.

Ces mesures ont été complétées par des travaux importants ayant pour objet de faire circuler partout où il est matériellement possible de le faire, et en abondance, l’air, la lumière, le soleil, — l’eau enfin, si parcimonieusement distribuée au début et dont il a été posé plus de trois mille mètres de canalisation, sans parler de 450 mètres d’égouts.

En ce qui concerne le matériel proprement dit : literie, vêtements usagés apportés par les hospitalisés ou provenant de dons, la désinfection est assurée par des étuves à vapeur fluante à 105° qui fonctionnent pendant le jour ; la nuit, elles se transforment en étuves à formol, grâce à un simple réchauffeur placé sur l’appareil. La destruction des parasites est effectuée de préférence dans une vaste chambre à acide sulfureux où les vêtements de nos poilus permissionnaires se débarrassent des lâcheux « totos. »

Mais c’est à l’hygiène des personnes que le service spécial du Secours de guerre veille avec le plus de soin. Rien n’a été épargné pour que l’état sanitaire des hospitalisés fût aussi satisfaisant que possible. Un grand danger en la matière est l’arrivée pendant la nuit de porteurs de germes, particulièrement lorsqu’il s’agit d’enfants. Pour y parer, on a recours à la visite médicale à l’arrivée ; les suspects sont immédiatement isolés et les enfants, en particulier, sont soumis à une quarantaine qui peut aller jusqu’à dix jours.

Une installation complète de bains-douches presque coquette est mise à la disposition des hôtes de Saint-Sulpice et l’on éprouve parfois quelque difficulté à vaincre la répugnance invincible de ces pauvres gens à prendre un bain. Ce sont, disait un vieux réfugié, hôte habituel de la forêt des Ardennes, choses que l’on ne fait que le jour de son mariage.

Les nourrissons sont recueillis dans une vaste et claire nursery dotée de tous les perfectionnements de l’hygiène : salles spacieuses et resplendissantes de clarté, réfectoires spéciaux, bains, salles d’allaitement, etc.

Pour les petits malades, un hôpital spécial a été organisé en 1916 sur les conseils du professeur Hutinel. Cet hôpital est installé d’après la méthode employée à l’Institut Pasteur : les enfants sont traités isolément dans de petites cellules rigoureusement aseptisées, claires et aérées. Une ouverture vitrée, pratiquée dans la porte, permet