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Et Dante, dont l’image auguste t’accompagne,
Leur jettera l’appel de son vers courroucé,
Lui dont l’errant exil n’a jamais traversé
Cette Alpe qui clôt l’Allemagne. —

Quels graves souvenirs chargent cet air léger !...
J’entends ici la voix de nos communes races,
Et mon modeste pas, parmi ces grandes traces,
N’est point celui d’un étranger.

Le sang français versé sous les aigles latines
A consacré pour nous ces horizons divins,
Où s’offrent à la fois, Rivoli, tes ravins
Et, Solferino, tes collines.

Partout a retenti sous ce ciel enchanté
L’hymne de nos aïeux pour la gloire italique :
Que la France se dit Empire ou République,
C’était toujours la Liberté...

Mais j’écoute... Le même chant s’élève encore…
L’Italie héroïque appelle ses soldats.
Et nous voici mêlés pour de nouveaux combats
Autour du double tricolore !

Cette fois, ce sont eux, les fils du sol fleuri,
Qui mènent pour le droit la bataille enivrante ;
Ils s’en vont racheter leur terré, ils vont vers Trente,
Où les réclame Alighieri.

Ils ont pour bastion la montagne neigeuse,
A de telles hauteurs que l’aigle seul les suit ;
A leurs pieds, sur le lac, le canon jour et nuit
Ebranle la rive orageuse.

Leurs savants ont repris le compas du Vinci
Pour tracer sur les rocs les courbes de leurs routes.
Quelle audace du cœur leur manque ? Ils les ont toutes,
Et, s’il faut mourir, les voici I