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POÉSIES [1]


ECCE PUER


Lorsque je songe à mon enfance,
J’aperçois des tableaux aisés :
La maison, pleine d’abondance,
Ma mère, pleine de baisers.
Ce fut, dans un cadre sans faste.
Mi-villageois, mi-citadin,
Quelque chose de clair, de chaste :
Un jour de mai, dans un jardin.

Il faut croire qu’à cette époque
Le printemps était éternel :
Dans le paysage où j’évoque
La douceur du toit paternel.
Je vois des oiseaux, des abeilles
Volant à l’odeur du foin mûr
Et sur le gazon des corbeilles
Et des grappes le long du mur.

Le jardin me semblait immense
Ainsi qu’un monde familier ;
Lorsqu’au jour, ma bonne Clémence
M’avait noué mon tablier.

  1. Copyright by Régis de Brem, 1919