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D’autre part, les courants se sont établis dans le sens des importations qui augmentaient de 80 pour 100, tandis que le trafic d’exportation diminuait de 40 pour 100. D’interminables trains de wagons vides ont dû être dirigés vers les ports pour enlever les marchandises qui s’y accumulaient.

Autrefois, les approvisionnements nécessaires à l’armée, à l’industrie ou à la population civile se trouvaient presque sur place. On dut non seulement les prendre dans des régions beaucoup plus éloignées, mais transporter ceux de l’armée a notre extrême frontière, entre la mer et la Suisse. Il en est résulté un notable allongement de la durée des parcours et une réduction proportionnelle du nombre des wagons utilisables.

Enfin, des courants spéciaux s’établirent. L’Italie, privée des charbons d’Allemagne, dut recourir à l’Angleterre et faire transiter ses approvisionnements à travers la France. L’arrivée des troupes américaines a amené les chemins de fer français à transporter, dans les directions les plus diverses, les troupes, le matériel et toutes les denrées nécessaires au ravitaillement. Les approvisionnements pour la Suisse, venus par mer, ont pris en France une importance qu’ils n’avaient jamais eue. Tout cela représentait une main-d’œuvre abondante et un très grand nombre de wagons roulant constamment et pour longtemps, avant de revenir à leurs points de départ.

Avant la guerre, sur le réseau d’Orléans, la durée moyenne d’évolution d’un wagon était de six jours ; elle en dépassait huit pendant les dernières années, et cette augmentation correspondait pour le réseau à l’absence de 13 000 wagons. La capacité de débit d’un système de voies de circulation dépend de son profil et de ses installations. Beaucoup de nos gares n’étaient pas outillées pour faire face à l’afflux constant des transports de guerre ; il s’y produisit fréquemment des crises locales de matériel. Or, cet arrêt, comme ceux qui étaient causés par les destructions de l’ennemi, se prolongeait immédiatement sur une grande partie du réseau.


CRISE D’APPROVISIONNEMENTS

Les réseaux ont souffert d’une insuffisance d’approvisionnement de matières de toutes sortes : rails, traverses, etc., et notamment de charbon. La ressource des mines du Nord leur