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centimètre carré de la surface de son corps, et à 100 mètres à une pression double. L’air sous pression qu’on envoie par un tuyautage dans le casque du scaphandrier et dans le vêtement étanche qui lui est relié sert non seulement à fournir à sa respiration un aliment nécessaire, il sert surtout à équilibrer par une contre-pression la pression énorme à laquelle le scaphandrier est soumis de la part de la mer et qui tendrait à l’écraser. Mais le scaphandrier ne s’en trouve pas moins de la sorte dans une atmosphère à très haute pression, et cela a des conséquences physiologiques curieuses. On sait que la quantité de gaz que peut dissoudre un liquide donné est d’autant plus considérable que la pression de ce gaz est plus grande. Il s’ensuit que la quantité du gaz dissous dans le sang et les humeurs du scaphandrier est beaucoup plus grande qu’à l’air libre et augmente avec la profondeur. Si on ramenait trop brusquement le sujet à la pression atmosphérique, ces gaz occlus n’étant plus maintenus en dissolution dans le sang par la pression extérieure, se dégageraient brusquement et produiraient dans les vaisseaux, et surtout dans les vaisseaux capillaires, de véritables embolies gazeuses qui arrêteraient la circulation du sang et seraient rapidement mortelles.

En fait, ces phénomènes se produisent toujours, mais avec une intensité et une vitesse plus ou moins grandes, lorsqu’on ramène les scaphandriers à la surface ; c’est alors surtout qu’ils ont ces malaises qu’on appelle le « mal des caissons, » et c’est pourquoi le passage progressif et rationnel de la haute pression des profondeurs à la pression normale est peut-être l’opération la plus importante et la plus délicate dans l’emploi des scaphandriers. L’un des progrès les plus remarquables dans cette voie a été réalisé par la marine américaine, qui produit la remontée ou plus exactement la décompression des scaphandriers, en la prolongeant parfois en plusieurs heures, dans des cuves étanches spéciales où la pression varie à volonté et où l’on peut observer ce qui se passe par des hublots.

Le « mal des caissons » a, ainsi qu’on en peut juger par ce qui précède, des causes très analogues à celles des ravages physiologiques que causent, — ou plutôt que causaient, car voilà un imparfait qui est parfait, — les obus tuant on mettant hors de combat sans blessures apparentes, les soldats voisins des points de chute.

En dehors des effets qu’elle produit sur la quantité de gaz occlus dans le sang, la pression dans les scaphandres agit aussi directement sur les parois des organes divers du sujet et surtout sur ses viscères et ses vaisseaux.