Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 50.djvu/457

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans les écoles primaires supérieures du Danemark. C’est une institution spéciale à ce pays d’où elle s’est répandue dans toute la Scandinavie ; elle a été, pour le Slesvig, d’une grande utilité. Dans ses villes et dans ses villages, le Danois du Jutland méridional avait ses « maisons d’assemblée, « avec une bibliothèque danoise, une salle de conférences, un gymnase, un restaurant où le dimanche il venait en famille prendre le café et causer. Là aussi se tenaient les réunions des associations qui défendaient sa langue et ses droits politiques.

Dans l’armée le soldat slesvigois était maltraité et injurié comme l’Alsacien. Aussi revenait-il plus Danois qu’auparavant, de même que l’enfant se sentait plus Danois en sortant de l’école. Les nouvelles générations qui savaient l’allemand étaient mieux armées pour la lutte que celles qui avaient l’âge d’homme lors de l’annexion.

Devant tous les dangers qui menaçaient la nationalité danoise, les Slesvigois s’unissaient et trouvaient vite le moyen de parer les coups. Ils tenaient de grandes « assemblées d’affaires » tous les ans et, en dehors des caisses de chacune des ligues, ils avaient un « fonds de fer » pour couvrir les dépenses inattendues dont la principale était les amendes. Afin d’amener des Allemands, l’État prussien avait acheté des domaines et installé des fermes : deux sociétés privées, où les fonctionnaires jouaient un rôle dominant, s’étaient attelées à la tâche de coloniser. Tant d’efforts avaient abouti à installer quatorze familles dans la circonscription d’Haderstev et quatre dans celle d’Aabenraa. C’était déjà trop. Une Société allemande de crédit prêtait aux agriculteurs gênés dans leurs affaires, avec un droit de préemption pour l’Etat pour le cas où ils vendraient leur propriété. En 1909, le député danois au Reichstag fonda une banque slesvigoise de crédit agricole, au capital de 830 000 mark, qui furent souscrits, dans le Slesvig même, en quelques mois. A la fin de 1913, la Société avait consenti 577 prêts s’élevant à 4 962 825 mark. En 1912, le gouvernement prussien proposait au Landtag d’assurer au Slesvig une somme analogue à celle qui était consacrée à la colonisation de la province de Posen et de la Prusse occidentale. A cette nouvelle menace les Slesvigois répondirent encore par la création d’une ligue, qui devait éclairer les paysans danois et les prévenir contre les offres alléchantes d’achat et