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du général Ebener, ne se rendront pas à Triël, mais au Raincy... Toute la cavalerie ainsi passée à la 6e armée doit être munie de tous les moyens (vivres, etc.) lui permettant de faire campagne en dehors d’une place de guerre. Je vous prie de l’en munir, etc.


On prépare le groupe des divisions de réserve Ebener pour flanquer vers le Nord le mouvement éventuel de Maunoury ; on fait surveiller la cavalerie de von Kluck, « afin qu’elle ne puisse nous prendre de flanc, pendant que nous ferons notre attaque contre les Allemands. » Tout cela, le 4.

Les résultats de la reconnaissance par avions ordonnée le matin arrivent et tombent sur un Etat-major haletant :


10 h, 45. L’armée allemande franchit la Marne en 3 colonnes, une A Citry (10 kilomètres au Nord-Est de la Ferté sous-Jouarre), la seconde à Nogent-l’Artaud se dirigeant du Nord au Sud (au moins deux corps d’armée en tout), la troisième à Charly (5 kilomètres plus à l’Est). De l’artillerie canonne à Montfaucon, Roissy, Belleval. — 11 heures. Grisolles, 24 batteries allemandes en position de rassemblement. — 11 h. 10. Neuilly-Saint-Front, 2 régiments d’infanterie allemande en position de rassemblement. — 11 h. 30. Villers-Cotterets, une colonne allemande de troupes de toutes armes (infanterie, une brigade environ) en marche sur la Ferté-Milon. — 11 h. 40. Russy (15 kilomètres Ouest de Villers-Cotterets) 3 escadrons de cavalerie allemande rassemblés. — 11 h. 45. Crépy-en-Valois : une colonne allemande d’infanterie et un régiment se dirigeant sur Betz.


On a une claire vision de ce qui se passe dans le camp adverse ; et, dans le nôtre, tout est prêt.

Si, seulement, on était assuré du concours de l’armée anglaise !

Joffre savait qu’il ne pouvait pas prendre une décision tant qu’il n’aurait pas obtenu l’adhésion de French et, s’il l’obtenait, il ne laisserait pas à celui-ci le temps de se reprendre. Nous avons dit plus haut que c’est seulement le 4, à treize heures trente, qu’il avait persuadé le maréchal et que celui-ci s’était engagé à faire entrer ses trois corps dans la manœuvre. Sans perdre une minute, Joffre revient à son quartier général, ins- tallé provisoirement dans le petit cabinet du directeur dans une école de Bar-sur-Aube. Là sont réunis le général Belin, le général Berthelot, le colonel Pont, le colonel Gamelin, collaborateurs de toutes les minutes, confidents des secrètes pensées. Les renseignements arrivent de toutes parts, colligés minutieusement,