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premiers gradins de l’hémicycle de Seine, ceux qui sont au Nord de la rivière (avec la ressource de se replier, au besoin, sureaux qui s’élèvent au Sud), s’est conformé aux lois de la nature et aux lois de l’histoire. Il adopte ce point d’appui parce qu’en fait, — une fois le massif de Saint-Gobain perdu <ref> Sur les raisons qui ont déterminé l’abandon du massif de Saint-Gobain par l’armée britannique, voir la Bataille de Saini-Quentin-Guise, dans la Revue des 1er et 15 septembre 1918. </<ref>, — il ne s’en trouve plus d’autre.

D’ailleurs, les événements de la guerre l’y ont amené et en quelque sorte poussé. Le plan du Grand État-major allemand a donné, pour rendez-vous général, aux armées allemandes pénétrant, de toutes parts, en France, précisément la plaine catalaunique : depuis la première heure, toutes convergent vers ce but commun ; toutes et chacune se sont mises en marche pour arriver à cette « concentration sur le champ de bataille » prescrite par le vieux Moltke et par Schlieffen ; et elles y arrivent, en effet, dans les jours qui précèdent immédiatement la bataille de la Marne.

Voyons plutôt. — La plaine catalaunique est prise à revers par les armées de von Hausen et du duc de Wurtemberg, débouchant par la trouée de Grandpré et par la brèche de Reims. Elle est menacée par les forces que commande von Strantz et qui, venant de Metz, se glissent par le Rupt de Mad et la trouée de Saint-Mihiel. Jusqu’à la date du 4 septembre, les armées de von Heeringen et du prince Ruprecht de Bavière, qui agissent dans l’Est, espèrent encore atteindre la trouée de Mirecourt-Neufchâteau : elles livrent un assaut mortel à Dubail et à Castelnau pour s’ouvrir ce chemin. Quant à l’armée du Kronprinz, elle glisse le long de l’Argonne pour venir à la rencontre de toutes les autres et assener le coup final. Nous avons déjà cité l’ordre saisi, quelques jours après, et par lequel, le 5 septembre à 20 heures, il prescrivait, pour le G, une attaque dans la direction générale de Revigny-Bar-le-Duc et confiait, en particulier, à son corps de cavalerie la mission d’entrer en action dans la région de Saint-Mard-sur-le-Mont et de pousser son exploration en avant de la IVe et de la Ve armée, SUR LA LIGNE DIJON, BESANÇON, BELFORT. Le Kronprinz pensait donc encor, à cette date, que les armées de Lorraine et des Vosges forceraient la trouée de Neufchâteau-Mirecourt et il leur tendait la main.