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signé. Elle a accepté une prolongation d’armistice, qui n’est encore qu’une préparation à la paix ; paix non « de violence, » mais de justice, et de toute manière « paix dictée. » Si on ne la lui dictait pas, il n’y aurait jamais de paix ; de même que, si le maréchal Foch ne l’avait point pris sur un ton sévère et s’il n’avait fixé un délai péremptoire, il serait encore à Trêves. En elle-même, la quatrième convention d’armistice ajoute peu aux stipulations précédentes, excepté en ce qui concerne l’attitude des troupes allemandes envers les Polonais « dans la région de Posen ou dans toute autre région ; » elle leur assigne une ligne qu’elles ne devront pas dépasser, et qui coïncide à peu près avec les anciennes frontières de la Prusse orientale de la Prusse occidentale et de la Silésie. Le renouvellement n’est accordé que « pour une période courte, sans date d’expiration, à laquelle les Puissances alliées se réservent de mettre fin sur un préavis de trois jours. Enfin, cette nouvelle convention servira à « poursuivre et achever » l’exécution des trois autres. Espérons-le, ou, plus exactement, n’en désespérons pas. D’ailleurs, c’est bien ici que nous sommes tout à fait dans le provisoire ; et l’on approche du dénouement. A son retour à Weimar, le ministre d’État Erzberger a défendu devant l’Assemblée nationale l’attitude du premier plénipotentiaire allemand Erzberger. On lui reprochait de s’être soumis : il en a donné la meilleure raison : « M. le député Vogler, a-t-il répondu, a oublié une chose, qui n’est pas du tout un fait sans importance : c’est que nous avons perdu la guerre. » Tant il est vrai que l’Allemagne n’a pas moins de peine à se placer dans l’état d’esprit de la défaite, nue nous à entrer et à demeurer dans l’état d’esprit de la victoire !

Cependant, à Paris, la Conférence de la paix rédigeait, en vingt-six articles, le « pacte de la Société des Nations. » Comme ce n’est encore qu’un projet, et comme, assurément, on en reparlera, nous remettrons àplus tard pour l’analyser en détail. La première impression est qu’on n’a pas fait depuis La Haye tout le chemin qu’on s’était flatté de faire. Nous saluons avec sympathie la naissance de la Société elle-même, de ses sessions de délégués, de son conseil exécutif, et de son secrétariat international permanent. Nous saluons la promesse de recours à l’arbitrage, la cour d’arbitrage, la cour permanente de justice internationale. Mais où est la gendarmerie ? Sans doute, l’article 10 voudrait être rassurant. Il porte : « Les hautes parties contractantes s’engagent à respecter et à préserver, contre toute agression extérieure, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de tous les États adhérents à la Société. En cas d’agression, de