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REVUE DRAMATIQUE


Vaudeville : Pasteur, pièce en cinq actes par M. Sacha Guitry. — Comédie-Française, Le Sourire du Faune, un acte en vers de M. André Rivoire. — La Cruche, deux actes de MM. G. Courteline et Pierre Wolff. — Odéon : La Vie d’une femme, pièce en quatre actes et douze tableaux par M. Saint-Georges de Bouhélier.


Il n’y a pas de gloire plus pure que celle de Pasteur. Et il n’y a pas de vie plus belle. Cette vie nous a été racontée dans un livre dont il suffit sans doute, pour le louer, de dire qu’il est de tous points digne du sujet. La Vie de Pasteur que nous donnait naguère M. R. Vallery-Radot, est un de ces ouvrages auxquels s’applique exactement le mot de La Bruyère : « Quand une lecture vous élève l’esprit et qu’elle vous inspire des sentiments nobles et courageux, ne cherchez pas une autre règle pour juger l’ouvrage : il est bon et fait de main d’ouvrier. » L’idée qui s’en dégage est que, suivant un mot de Pasteur lui-même, on ne doit pas, quand on parle de la science, faire abstraction de l’âme du savant. La science est impersonnelle et indifférente, elle n’est d’aucun pays et poursuit la recherche de la vérité sans autre souci que celui du vrai ; oui, mais le savant est un homme et rien de ce qui est humain ne lui est étranger. Il est, lui, d’un pays : les malheurs de sa patrie le mettent au supplice et ses gloires l’élèvent jusqu’au ciel. Il est d’une religion : les croyances qui, depuis des siècles, ont pétri l’âme des générations dont il descend, ont mis en lui un instinct du divin plus fort que les déductions les plus solidement enchaînées. Il a une conscience dont les certitudes morales défient l’évidence des mathématiques. Il aime, il souffre, il prend en pitié ceux qui souffrent. A quoi bon faire de la science une idole impassible et farouche, un monstre à effrayer les gens ? Elle est œuvre humaine, issue de notre intelligence et sur