à côté de la schlague que nous n’y faisions même plus attention... » Au bout de six semaines, Robert M... dut être évacué sur un des hôpitaux de Valenciennes ; son corps n’était qu’une plaie : « N’importe, écrit-il, je n’avais jamais montré aux Allemands que je souffrais. Je me réservais cette satisfaction de leur prouver que tout ce qu’ils m’auraient fait ne m’aurait jamais fait fléchir et surtout manquer à mon devoir de bon Français. » C’est parce qu’il était exceptionnellement vigoureux, bâti en athlète, que Robert M... a pu résister à un pareil supplice et aussi prolongé. Un de ses oncles, qui l’a vu à sa sortie de l’hôpital, a attesté :
— Ses plaies étaient cicatrisées ; mais tout son corps, ses jambes, ses bras, le dos, les reins, la poitrine n’étaient que bourrelets et sillons...
Devant moi, son père lui a dit :
— Quand ils t’avaient ainsi roué de coups, le matin, tu n’avais pas envie de céder le soir ?
L’enfant a relevé la tête et comme une réponse toute naturelle :
— Mais non, voyons, puisque je savais que je ne devais pas travailler pour eux.. »
Des milliers d’enfants, dans la région envahie, ont été ainsi torturés. Par leurs souffrances, par leur courage, eux aussi nous ont acheté la victoire. Vénérons pieusement leur martyre et souvenons-nous.
HENRIETTE CELARIÉ.