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mais on retrouverait en outre la chaleur solaire qui a été dépensée pour produire le salpêtre ou les nitrates de soude naturels : celle qui a fait pousser le coton destiné à donner le fulmicoton, ou les graines oléagineuses dont la glycérine fournit la nitro-glycérine.

Employer des explosions comme moyen de propulsion, c’est ce qu’on réalise couramment dans tous ces moteurs où l’on fait détoner un mélange d’hydrocarbures et d’air. Quant à la possibilité d’adoucir un explosif trop violent, il suffit de se rappeler comment la seule idée d’employer le coton-poudre à l’état colloïdal a permis d’utiliser dans l’armement ce corps aux effets extrêmement brisants. Mais, quoiqu’on puisse, dans cet ordre d’idées, réaliser un jour des combinaisons utiles, il ne faut pas se laisser abuser par les effets intensifs des poudres et explosifs pour en conclure qu’ils renferment des énergies formidables. Leur particularité est précisément de développer cette énergie par une production considérable de gaz très chauds dans un temps très court. Le travail spécial qu’on leur demande n’est pas seulement fonction de la pression produite par les gaz et, par conséquent, du potentiel renfermé par l’explosif, mais aussi de la vitesse avec laquelle cette pression se développe. Ralentir cette dépense de force, c’est ramener progressivement l’explosif à n’être plus qu’un combustible vulgaire. Si l’on a produit le système explosif par des transformations chimiques absorbant de la chaleur ou de l’énergie, une loi de la thermo-dynamique veut qu’en revenant à l’état initial, on récupère la même quantité de chaleur, quelles que soient la nature et la succession des états intermédiaires.


LA GRAVITÉ

On ne saurait fonder non plus grand espoir sur les applications de la gravité, autres que celles connues par tout le monde : descente et triage de matériaux, funiculaires, houille blanche. Mais on a souvent prétendu réaliser ainsi, par tel ou tel artifice, une sorte de mouvement perpétuel. Ainsi, en se fondant sur l’existence de puits absorbants, on a proposé de forer une série de tels puits, dans lesquels on ferait tomber des courants d’eau actionnant, au fond, des turbines, sous des chutes artificielles. Je mentionne la suggestion en passant,