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recherches par sondages, contrairement à la tendance officielle depuis quelques années ; soit enfin, suivant l’exemple prudent du gouvernement anglais, en nous assurant la possession de champs pétrolifères étrangers, alors qu’il en était temps encore.


LA HOUILLE BLANCHE

Je passe maintenant à la houille blanche, qui constitue une de nos plus abondantes réserves, l’une de celles sur lesquelles le changement de conditions économiques amené par la guerre et destiné à se poursuivre dans l’après-guerre a le plus vivement attiré l’attention, avec les résultats les plus fructueux. Posséder de l’énergie disponible et la laisser se perdre dans le lit des rivières ou des torrents quand le charbon était introuvable ou valait 150 et 200 francs la tonne et quand, d’autre part, la guerre amenait des acheteurs à tout prix pour le carbure de calcium, la cyanamide, les nitrates, les aciers spéciaux, etc., était si évidemment illogique que l’on s’est mis à l’œuvre de tous les côtés pour aménager nos forces hydrauliques. La notion prix de revient ayant quelque peu disparu avec des prix de vente illimités, les capitaux étant surabondants pour toutes les industries touchant aux fournitures de guerre, l’on n’était plus arrêté par les considérations d’économie habituelles. Parfois aussi, il faut bien l’ajouter, les formalités paralysantes du temps de paix se trouvaient un peu simplifiées. Un mouvement, qui était déjà lancé, avant 1914, s’est ainsi rapidement accéléré et, comme une grande partie des travaux et des installations vont se trouver amortis sur les bénéfices, cet essor laissera des résultats durables, quand bien même le prix du combustible concurrent s’abaisserait un peu après la paix. Il y a là, pour la France, un grand nombre de millions à arrêter dans leur fuite vers la mer.

Sans traiter ici un sujet qui comporterait de longs développements, je dirai quelques mots tout à l’heure sur nos ressources hydrauliques en espérance. Commençons par indiquer ce qui a été déjà réalisé, ou ce qui, du moins, est déjà entré dans la voie de la réalisation immédiate.

Les forces hydrauliques utilisées en France étaient estimées : en 1902, à 200 000 chevaux ; en 1916, à 350 000 ; en 1910 à 600 000 ; en 1914, à environ 750 000. L’effort fait