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battu en brèche. Nous consacrerons des développements ultérieurs au lignite et à la tourbe, au pétrole et à ses dérivés, à la houille blanche. Il existe, d’autre part, des procédés qui, tout en conservant le charbon minéral comme combustible, en tirent un meilleur parti que par sa combustion sur une grille au-dessous d’une chaudière à vapeur . Enfin, que l’on ait ou non commencé par produire de la vapeur, on trouve souvent avantage à intercaler une transformation de l’énergie en électricité. Ces deux derniers genres de progrès, qui réalisent des applications intéressantes de la science à l’industrie, méritent, par leur développement possible dans l’après-guerre, un rapide examen.

La première idée avec laquelle il faut se familiariser est que la machine à vapeur, si raffinée dans ses mécanismes qu’on la suppose, constitue théoriquement un moyen tout à fait barbare d’utiliser les kilogrammètres renfermés en puissance dans la houille, de même que notre système de nous chauffer par des cheminées laisse perdre la presque totalité de la chaleur. Quelques chiffres vont préciser cette défectuosité. Une bonne houille grasse dépourvue de cendres produit couramment, à l’essai de laboratoire, 8 600 calories par kilogramme. Ce qui veut dire qu’employé à chauffer de l’eau, ce charbon devrait théoriquement élever d’un degré 8 600 kilogrammes d’eau, ou porter, depuis la température extérieure moyenne de 15 degrés jusqu’à l’ébullition, sous une pression de 10 atmosphères, 14 kilogrammes d’eau. L’équivalent mécanique de chaque calorie étant de 427 kilogrammètres, le kilogramme d’une telle houille devrait produire, pour ce nombre de calories, 3 672 000 kilogrammètres et, pour obtenir un cheval-heure, ou 270 000 kilogrammètres, il devrait suffire de 73 grammes de houille. Or, en deux mots, le résultat pratique d’une machine à vapeur est qu’au lieu de 73 grammes, oh en dépense facilement 730 : soit 10 fois plus et même, avec des machines inférieures, de 1 à 2 kilogrammes. Si on s’étonne du résultat et si on cherche où se produit une telle perte, on constate d’abord que le kilogramme de houille, au lieu de 14 kilogrammes de vapeur théoriques, en donne seulement, dans la plupart des cas, 6 ou 7 : la combustion, toujours incomplète, laissant perdre, soit du charbon, soit de l’oxyde de carbone et une partie de la chaleur se dissipant au dehors. Mais le déchet est beaucoup plus considérable