O lumière du jour qu’ils nul humiliée.
Reviens, ta chaîne est déliée,
Le monde est plein de chants,
Reviens te poser, douceur oubliée,
Sur l’herbe des champs.
Oiseaux, ne fuyez plus les bois ou l’homme passe.
Il ne monte plus dans l’espace
Qu’une calme vapeur.
Nous avons détruit la bête rapace
Qui vous faisait peur.
Grands arbres ignorants du mal et du mensonge,
Végétaux dont la force plonge
Sous les gazons épais.
Laissez qu’à vos pieds votre ombre s’allonge.
Méditez en paix.
Réveille-toi, charrue, auprès de la faucille
Promets à sa corne qui brille
Une riche moisson.
Unissez vos vœux, délicate aiguille,
Bât lourd du maçon.
Cloches, encore un branle, et vous, avant de clore
Votre sombre gueule sonore.
Tonnez pour le plaisir,
Canons, saluez cette fois l’aurore
Sans antre désir.
Soldat, mets sac à terre, approche, le vin mousse,
Essuie avec ton large pouce
Le bord du quart d’étain.
Et, buvant, dis-toi que la vie est douce,
Vainqueur du destin.
Joie, allégresse énorme, effarante, imprévue,
Chasse les hommes dans la rue.
Défends-leur de s’asseoir,
Improvise un bal et, sans cesse accrue,
Tourne jusqu’au soir.
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