Combien de tonnes de fer.
Combien de barils de poudre
Dépensés par heure à moudre,
A martyriser la chair !
Et des mains s’empressaient de vite la recoudre,
Pour qu’aussitôt cousue elle recommençât
De souffrir avec gloire
Des maux comme jamais n’en souffrit un forçat
Dans son infâme purgatoire.
Cependant, sous le poids du sac,
Les nations courbaient de plus en plus l’épaule.
La tristesse des camps, de bivac en bivac,
Remontait jusqu’au pôle.
Comme des fourmis qu’un danger commun
Dispose en colonne, un par un,
Des convoyeurs, dans les nuits blanches.
Actifs, prudents, posaient des planches
Sous les sabots de leurs chevaux.
Les pionniers creusaient l’abreuvoir dans la glace.
Sous tous les cieux la guerre augmentait ses travaux
Et n’était jamais lasse.
Dans les grands ports de l’Inde ardents et populeux,
De jaunes fronts huileux
Dégouttaient de sueur pour elle.
A la file, les turbans
Franchissaient la passerelle.
Des voix criaient dans les haubans,
La vague écumait sous l’hélice...