drogmans auxiliaires du consulat, chargés d’y représenter les principales confessions chrétiennes de Syrie, un Maronite, un Grec-catholique, un Grec-orthodoxe, chacune de ces églises, qui se qualifient de nations, tenant à ce qu’un des siens soit auprès du consul de France comme son témoin, son interprète et son avocat permanent. Premier signe du soin que mettent d’humbles populations, assujetties au plus inquiétant des maîtres, à s’attacher par un lien direct au représentant de la grande nation idéaliste, leur bienfaitrice depuis des siècles, leur libératrice un jour à venir.
Le consul, descendu à terre, y recevait aussitôt, avec les compliments de la colonie française, ceux de toutes les autorités locales, politiques, administratives, religieuses. Et d’abord, les représentants de la conquête, les agents du maître lointain qu’isole dans son palais de Constantinople la terreur qu’il inspire et qu’il ressent. Le vali musulman de Beyrouth, le moutessarif chrétien du Liban ont chargé chacun le premier de leurs fonctionnaires d’aller saluer de leur part le nouveau représentant français. Sous l’excès des protestations d’amitié s’est laissé sentir dès l’abord la conscience trouble de mauvais bergers réduits à vivre dans le mensonge sous les yeux d’un témoin gênant. — Le délégué apostolique est venu en personne. Evêque des Latins, il était accompagné d’un capucin, curé de la paroisse latine. L’évêque et le curé en ce temps-là étaient tous les deux des Italiens. Leur patrie n’était pas la nôtre : et, n’en doutons pas, leur sentiment personnel suivait leur patrie. Respectueux d’un privilège exclusif et indiscuté, ils n’en ont pas moins invité le consul général de France à venir assister au Te Deum solennel qui serait chanté dans l’église latine à l’occasion de son arrivée.
Le cabinet du consul a vu ensuite se succéder tout ce que Beyrouth et la montagne comptaient de notables syriens. Les chefs du chœur ont été les prélats des églises de rite oriental, vicaires du patriarche maronite envoyés par lui du haut Liban ; archevêques et évêques de chacune des quatre églises unies représentées à Beyrouth et dans la région, église maronite, église grecque-melchite, église syrienne, église arménienne. Chacun a eu pour la France de chaleureuses paroles de gratitude ; chacun aussi s’est fait promettre que le consul viendrait visiter tel orphelinat, qu’il assisterait solennellement à telle cérémonie