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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Une deuxième prolongation de l’armistice conclu avec l’Allemagne le 11 novembre 1918 a été signée à Trêves le 16 janvier. Par elle, l’expiration en est reportée de nouveau à un mois, soit au 17 février, et il est encore stipulé d’ailleurs que cette deuxième prolongation elle-même pourra être étendue jusqu’à la conclusion des préliminaires de paix, toujours « sous la réserve d’approbation des gouvernements alliés. » Pendant la prolongation de l’armistice, l’exécution des clauses de la convention du 11 novembre, incomplètement réalisées, devra être poursuivie et exécutée. Les clauses incomplètement réalisées » sont avant tout, comme dans la première période, celles relatives à la remise du matériel de chemins de fer. Les 5 000 locomotives, les 150 000 wagons qu’elle a dû promettre, voilà ce que lAllemagne a le plus de peine à livrer ; et l’explication que M. Erzberger en donne est probablement plus impudente qu’ingénue. « Le peuple allemand, déclare-t-il, a rempli les conditions d’armistice dans la limite du possible. Là où ces conditions n’ont pas été remplies, nos adversaires en sont presque seuls responsables ; ainsi, notamment, dans la question de la remise du matériel de transport. Au 5 janvier, les Alliés ont pris livraison de 1 821 locomotives et de 63 304 wagons, alors que 4 907 locomotives et 105 523 wagons leur avaient été offerts. »

Il faut s’entendre : parce que « le peuple allemand » a été dressé à prendre des vessies pour des lanternes, ce n’est pas une raison pour qu’il ait la prétention de nous faire prendre aujourd’hui de la ferraille pour des wagons et des locomotives. La vérité perce, comme malgré elle, dans un autre passage de la protestation de M. Erzberger : « L’exécution des livraisons est tombée avec la démobilisation de l’armée dans l’Ouest, c’est-à-dire au moment où la révolution avait le plus besoin des chemins de fer. » Mais c’est