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compagnie Dessendie maîtresse du pont et de la route, prolongée à gauche par la compagnie Mestre qui a trouvé sa liaison h sa propre gauche avec les éléments du 97e (3e bataillon), tenant la cote 98, et protégée à droite contre les défenseurs du parc par la compagnie du 236e dont le chef, le lieutenant Gossard, a été tué. Il s’agit maintenant d’atteindre le second objectif, l’objectif véritable : le village, le château et le parc qui sont dépassés et tout à fait sur la droite. Le commandant Reboul laisse souffler ses hommes quelques minutes. Une de ses compagnies est immobilisée devant le parc, il ne sait rien du mouvement des chasseurs ; il dispose d’un bien petit effectif pour une opération de la plus grave importance et qui risque de le faire prendre entre les feux du Plessis et ceux de Lassigny. N’importe : le départ a été si beau et le premier acte a été si bien exécuté que la suite ne peut pas mal tourner. Tous les pressentiments sont heureux. Et le voici qui lance le signal convenu : fusée blanche encadrée de deux fusées rouges, qui doit modifier l’engagement, et la troupe aussitôt fait son à droite et se dirige droit sur le Plessis-de Roye. L’effet de surprise est tel qu’il stupéfie l’ennemi et brise son esprit de résistance. » En réalité, dit le journal de marche du régiment colonial du Maroc, il n’y a plus de combat. C’est la poursuite de l’adversaire qui s’enfuit de toutes parts, ou se rend, ou se réfugie dans les sapes où il est poursuivi par nos grenadiers. Avec un mordant extraordinaire, nos sections foncent devant elles. Nos fusils-mitrailleurs exécutent le tir en marchant, causant des ravages dans les groupes de fuyards. Les résistances locales sont réduites avant d’avoir pu agir efficacement. C’est par dizaines pue l’on compte les mitrailleuses abandonnées par l’ennemi ; c’est par centaines que les prisonniers refluent vers l’arrière. »

Entrainées par leur ardeur, des fractions de nos coloniaux traversent encore notre propre barrage. A l’extrême-gauche, le peloton de mitrailleuses Bastien, gêné par les mitrailleuses du Bois des Noirs à l’Est de Lassigny, se dirige droit sur l’objectif et parvient, après trois mises en batterie et avec l’aide des grenades Vivian-Bessière d’une patrouille de combat emmenée au passage, à atteindre le nid de résistance qui est immédiatement détruit. L’adjudant Potard tue les derniers défenseurs à coups de revolver. Quatre mitrailleuses sont ainsi conquises. Ce bois