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Ce jour où des « États Souverains » se sont ainsi librement associés pour assurer collectivement la gestion d’un intérêt commun, par le moyen d’un organe permanent doué d’une vie propre, une conception nouvelle des relations internationales s’est introduite dans le monde.

Je sais bien que l’intérêt commun ici en cause n’était qu’un intérêt scientifique d’une faible importance pratique apparente : l’étude géodésique du globe terrestre et les mensurations scientifiques qui s’y rapportent. Il n’importe. Cette cellule embryonnaire de la Société des Nations, cette cellule primitive née de la science, et qui depuis s’est déjà multipliée quelque peu par karyokinèse, la science peut contribuer beaucoup à en faciliter la fécondation, à en assurer le développement. J’espère du moins le montrer, et si, comme il est à craindre, ces considérations ont échappé aux diplomates qui vont se réunir, il me suffira que leur importance apparaisse au public qui est finalement, tôt ou tard, le juge des juges, l’arbitre des arbitres, le maître des puissants.

À la suite de la création de l’Association géodésique internationale et peu à peu donc, un grand nombre d’organismes plus ou moins analogues se sont formés. En 1911, il n’existait pas moins de 37 Unions internationales concernant chacune un objet déterminé et auquel est consacré un bureau permanent. Parmi elles, un très grand nombre sont destinées à des objets à la fois scientifiques et pratiques, comme le bureau international des poids et mesures, sorte de conservatoire international d’une idée tout entière française, comme je l’ai déjà montré ici même. Même depuis lors, et plus récemment, d’autres institutions analogues se sont créées, notamment le Bureau international de l’Heure dont j’ai entretenu peu avant la guerre les lecteurs de cette Revue.

Ces unions qui comprennent des groupements divers d’États selon les intérêts particuliers auxquels elles sont consacrées correspondent à autant de branches d’administration au sujet desquelles ces États ont aliéné volontairement une partie de leur souveraineté. Les bureaux qui les gèrent dans l’intérêt et au nom de ces Sociétés partielles d’États sont, à proprement parler et suivant l’expression de Moch, les pierres d’attente des futurs ministères internationaux, d’un futur gouvernement international.

Parmi les questions qu’il faut souhaiter vivement de voir aborder par le Congrès de la Paix, — car de longtemps il ne se trouvera d’occasion aussi favorable pour l’aborder et la résoudre au mieux des intérêts en présence, — nous devons placer la réforme du calendrier.