Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 49.djvu/423

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de banque de réserve qui, dans les moments de crise, apporte son concours puissant par les billets qu’elle économise à l’époque où il ne faut pas la laisser sortir, et il ajoutait : « Si nous ne réduisons pas la circulation aux époques de paix, nous serons condamnés au régime des nations qui ont deux monnaies, la monnaie d’or et la monnaie de papier. »


II

Nos alliés, Etats-Unis d’Amérique, Angleterre, Italie, ont été beaucoup moins loin que nous dans la voie de l’inflation. Les Etats-Unis, qui avaient modifié leur législation bancaire à la veille de leur entrée en guerre, n’ont pas émis de nouveaux billets d’Etat au cours de la lutte ; et, si la circulation des billets de banque s’y est développée, ce fut dans les limites et les conditions prévues par la loi. La Grande-Bretagne n’a pas touché au statut de la Banque d’Angleterre, dont la circulation effective n’a pas cessé d’être inférieure à son encaisse métallique : c’est au moyen de billets de la Trésorerie que satisfaction a été donnée aux besoins accrus des échanges. L’Italie n’a vu s’augmenter le chiffre des billets d’Etat et de ses trois instituts d’émission que dans des proportions très inférieures aux nôtres. Le tableau suivant indique la situation de la circulation, à la fin de 1918, chez les quatre grandes nations de l’Entente :


Milliards de francs.
France (Banque de France) 29
Grande-Bretagne (Trésor et Banque d’Angleterre) 10
États-Unis (gouvernement, Banques fédérales et nationales) . 22
Italie (État et banques d’émission) 10


La circulation anglaise se composait de 2 milliards de francs de billets de la Banque d’Angleterre et de 8 milliards de billets de la Trésorerie. La circulation américaine comprenait 1 900 millions de greenbacks (billets d’Etat), 2 500 millions de certificats d’argent, 14 milliards de billets des banques fédérales de réserve, 4 milliards de billets des banques nationales, au total 22 milliards de francs.

En France, les avances de la Banque de France à l’Etat s’élevaient, vers la fin de 1918, à 20 milliards de francs ; le