encore que des 9e (Gamelin) et 10e (Valdant) divisions et de la 1re division de cavaliers à pied. Cependant les camions automobiles roulent la nuit et le jour sur les bonnes routes de France, amenant les renforts. La carte de la bataille en mouvement se dresse avec les points de débarquement, les centres de ralliement, les lignes successives, les liaisons. Foch est déjà, de fait, le chef des Alliés. De Champagne, de Lorraine, d’Alsace, des Flandres même, vingt divisions accourent au combat. Comme à Verdun, le général Pétain les assemble aux lieux menacés, chargeant Humbert de contenir le premier choc, pressant Dubency qui doit le prolongera l’Ouest et au Nord, se remettant à Fayolle du soin de coordonner les efforts de nos IIIe et Ire armées.
Le 24, Noyon est menacé à la fois par l’Est et par le Nord, par la vallée de l’Oise et par la route de Ham à Guiscard : c’est le mouvement débordant sur les ailes qui contourne le massif boisé de la Cave et de Beaugies, selon l’habituelle tactique ennemie qui, depuis Verdun, redoute les attaques frontales. Si cette manœuvre réussit, c’en est fait de Noyon. Après, la même manœuvre s’exécutera par Noyon et par Lassigny pour faire tomber à son tour le massif de la Petite Suisse. Après ? Mais c’est le chemin de Compiègne, de Sentis et de Chantilly, c’est le retour aux jours exaltants de ce début de septembre 1914 où l’Allemand se croyait déjà maître de Paris et de la France. Et cette fois il n’y aura plus, n’est-ce pas ? à craindre une Marne nouvelle : où les Français prendraient-ils leurs réserves ? La Marne n’est-elle pas demeurée inexplicable, incroyable, mystérieuse, miraculeuse ? Après l’avoir escamotée dans ses communiqués, l’ennemi l’a supprimée de son souvenir.
Le temps est pour lui : ce brouillard très dense qui favorise ses infiltrations, ses pénétrations savantes, ses surprises, ses mouvements de troupes, et ce clair de lune qui lui facilitera les marches de nuit. Nos troupes, lancées en hâte, sans artillerie, souvent sans autres munitions que la réserve de chaque homme, le contiennent, le ralentissent, ne sont pas encore assez en forces pour le clouer sur place Nesle au Nord est perdu le 25 vers onze heures et l’armée britannique, appuyant sur Herly, nous découvre fatalement à gauche. Nos 22e et 62e divisions doivent se replier au-dessous du bois de l’Hôpital, et la 10e sur Porquericourt. Déjà Noyon est en flammes, Noyon