Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 49.djvu/267

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’unique fois où elle ait été directement visée (p. 8), — que le 22. ou le 23, des batteries ayant été repérées par avions, tout près de la Cathédrale, on tira un coup sans viser le monument, et que, par conséquent, s’il a été atteint, c’est involontairement, parce que l’objectif était dans son voisinage immédiat (p. 8, 16), — que jamais, dans la suite, ils n’ont tiré sur la Cathédrale, mais uniquement sur les positions ennemies[1] (p. 8).


La réponse à ces dires audacieux est inscrite par leurs canons, sur notre plan du bombardement de la Cathédrale ; elle est incrustée, burinée par l’acier des obus, dans la pierre du monument ; et, en photographiant ces plaies une à une, nous avons compté les coups[2].

Leurs dénégations ne prévaudront pas contre ces documents.


II. Le feu, disent ils encore, dut être mis aux échafaudages par les maisons du voisinage qui brûlaient (p. 8, 9, M)… Toute la responsabilité des dommages retombe sur les Français… Ce n’est pas le bombardement, mais les échafaudages qui ont mis le feu à la cathédrale. Pendant des heures, on les a laissés brûler, sans rien faire pour éteindre l’incendie !… On avait même eu l’inconcevable négligence de ne pas mettre à l’abri le merveilleux trésor de la cathédrale (p. 9).


Voilà ce qu’ils ont trouvé… après un an de réflexion ! L’incendie de la Cathédrale ne serait qu’un accident ! Ils n’y sont pour rien. Le feu aurait pris, on ne sait comment, par des maisons voisines qui brûlaient[3]. Est-ce leur faute, à eux, si

  1. Ils ont dit exactement la même chose pour la cathédrale de Soissons : méprise, erreur de tir !… Or, on a trouvé, sur le carnet d’un commandant de batterie, la Bingkanonenbatterie, au Nord de Soissons, des notes significatives : 31 janvier 1915. — « La batterie a tiré 19 obus fusants et percutants sur la cathédrale de Soissons. Le clocher et la nef ont été plusieurs fois touchés. » — 2 février 1915. — « La batterie Stenger, de 9 h. 30 à 10 h. 33, a tiré sur la cathédrale, et, en particulier, sur le clocher, 29 shrapnells, dont 16 au but. » — 25 février 1915. — « Obus existants, 190 ; consommation, 21 (cathédrale). » Havas, cf. la Croix, 15 avril 1917.
  2. On trouvera ces photographies dans l’ouvrage illustré, la Cathédrale de Reims, que nous publierons prochainement à la librairie Laurens.
  3. Sauf le poste des pompiers, rue Trudaine, qui est au delà de la place du Parvis, aucune maison ne brûlait à cette heure-là dans le voisinage de la cathédrale. L’archevêché, le couvent de l’Adoration, la maison Prieur n’ont brûlé que plus tard, après la cathédrale et incendies par elle.
    Ce n’est pas l’échafaudage qui a mis le feu à la charpente (Cf. p. 47). Le témoin Prullage (p. 27) laisse entendre que les étincelles du poste de pompiers ont mis le feu à la paille et que l’incendie s’est propagé des nefs à l’extérieur ; il est absolument certain que l’échafaudage était en flammes avant la paille.