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ciselée et cette forme de coiffure qu’affectionnait saint Louis ; mais la noblesse de ses traits, l’expression ardente de tout son masque en font un morceau de tout premier ordre dans la statuaire de tous les temps. Il semble écouter une voix céleste qui le ravirait en extase, et le sculpteur a su créer cette impression, dans l’attitude générale du corps. Sa main droite tend la lanière d’un long manteau que la main gauche ramène en avant de la selle. L’élégance de cette draperie, qui strie de lignes courbes les plis tombants de la tunique, la distribution merveilleuse de l’étoffe de celle-ci sont autant de sujets d’admiration prolongée. Il y a beaucoup d’analogie de style entre le masque du Cavalier et celui du Roi imberbe au portail septentrional de Reims. Mais, ici, l’œuvre est plus forte encore, comme si maître Gaucher eût voulu se surpasser lui-même, et résumer tous ses acquêts.

Outre ces figures capitales, le Dom de Bamberg possède un beau Saint-Georges, puis les six figures de la Porte d’Adam, avec une Eve, sœur dévêtue de notre illustre aïeule de Reims. Vierge encore, semble-t-il, tant sa féminité s’accuse peu dans le dessin des hanches et des seins, elle a pour tout attribut une sorte d’éventail de feuilles qu’elle tient du bout des doigts, extrêmement longs.

Cette Porte d’Adam, romano-ogivale dans son ensemble d’architecture, semble être une adjonction postérieure à l’incendie du Dom de la fin du XIIe siècle. Sa décoration sculpturale est sans contredit du même atelier que les figures de l’intérieur, dont les statues de l’Eglise et la Synagogue sont à noter, aussi, pour leurs rapports avec les mêmes sujets sculptés à Reims.

Les stalles du chœur qui sont d’un travail charmant, les figures d’Apôtres, les sculptures de la Chapelle Saint-André, le Sarcophage du pape Clément II, le Tombeau d’Heinrichs II et de sa femme Kunigunde, — œuvre de la Renaissance, datée de 1512, — enfin le fameux tableau de Grunewald, tout cela forme un ensemble qui peut dédommager dans une certaine mesure Notre-Dame de Reims et même Saint-Remi de leurs pertes irréparables.

Reste la question des Vitraux de la basilique et de Saint-Remi et des Tapisseries de la salle du Tau. L’Allemagne est heureusement assez riche en vitraux français du XIIIe siècle ;