Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 48.djvu/790

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nationalités voisines, jusqu’à ce que la conférence de la Paix ait pu prendre des décisions définitives sur le tracé de frontières entre ces nationalités ?

Une Société ne peut subsister sans gendarme. ’De même l’établissement du droit dans le monde et le maintien de la paix ne peuvent reposer uniquement sur le libre consentement des peuples. La création d’une armée commune sera le premier besoin de la Société constituée entre les Puissances adhérentes. En réunissant leurs ressources pour l’entretien de cette armée, les Puissances réduiront au minimum le fardeau des dépenses d’armement pour chacune d’elles. Elles le réduiront d’autant plus que la puissance de leur groupement découragera les velléités de lutte des Puissances adverses et appellera l’adhésion de puissances nouvelles.

Une alliance défensive conclue entre elles sera la base de leur solidarité militaire. Cette alliance, pour les Puissances fondatrices, ne sera que le prolongement de la solidarité créée sur les champs de bataille. Des conventions d’arbitrage s’y ajouteront qui régleront la procédure à suivre en cas de conflit entre les contractants. Des sanctions financières et économiques, des mesures de coercition exercées par l’armée commune, imposeront le respect de ces conventions.

Les armées des Puissances de l’Entente, les soldats de la dernière Croisade formeront le premier noyau de l’armée commune. A cet effet, les conventions de démobilisation qui nécessairement devront intervenir entre ces Puissances, fixeront pour chacune d’elles l’importance des forces qu’elle s’engage à maintenir sur pied et régleront les conditions de l’emploi de ces forces pour les buts communs.

Tous nos Alliés d’hier et tous les jeunes peuples auxquels nous venons de donner la liberté seront poussés par les mêmes intérêts, par les mêmes nécessités que nous à donner leur adhésion à la Société des Nations, telle que nous venons de la décrire. Avec le temps, le développement de la puissance économique, financière, militaire de ce groupement deviendra tel qu’il constituera pour les autres peuples un centre d’attraction irrésistible.

On excusera l’extrême légèreté de ce trop rudimentaire aperçu sur une question d’une telle amplitude. Notre seul but est de montrer comment une organisation, — trop souvent