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LE DRAME

Moins cependant que les statues du front, reconnaissez-le, chère amie. Et puis, notre destruction eût été bien peu de chose dans la destruction universelle. Songez donc qu’ils étaient à Château-Thierry… à Château-Thierry ! Encore un bond de quelques kilomètres, et il ne s’agissait de rien moins que du grand bombardement de Paris ; il n’en serait pas resté une pierre. Déjà leurs journaux s’efforçaient de démontrer que l’anéantissement de Paris n’enlèverait pas un rayon à la beauté du monde.

LA CANTATE.

Et, maintenant, le territoire est libéré ; les Boches fuient devant nos armées victorieuses. On les a ! On les a ! A présent, on peut parler au présent.

L’IDYLLE.

Ecoutez donc… écoutez donc !… Le canon, les cloches… Ça y est, ça y est ! C’est signé ! Le canon, les cloches. Je vous avais bien dit qu’elles sonneraient un jour pour la victoire.

LE CHANT.

Voyez : des gens se serrent les mains, d’autres s’embrassent ; à tous les yeux montent de douces larmes… et ce vieil homme qui crie et applaudit.

L’IDYLLE.

Ah ! si je pouvais quitter mon socle, mon cher Drame, je serais déjà dans vos bras ; mais le cœur y est.

LE DRAME

Je n’en doute pas.

L’IDYLLE.

C’est vrai ; en un pareil moment, on embrasserait n’importe qui.

LE DRAME.

Merci ! Mais plaignons de tout notre cœur ceux qui ne pourront pas quitter leur socle en ce beau jour.