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si intelligente qu’en nous séparant, je lui al dit : Sire, vous êtes un grand citoyen. — Encore un détail. En lui présentant Georges, je lui ai dit : Sire, jr présente mon petit-fils à Votre Majesté. Il a dit à Georges : Mon enfant, il n’y a qu’une majesté ici, c’est Victor Hugo.

23 mai. — J’ai mis ma photographie (où il y a Georges et Jeanne) sous une enveloppe avec cette inscription : À celui qui a pour ancêtre Marc-Aurèle, et je l’ai portée au Grand Hôtel, où demeure dom Pedro, et j’ai dit : Remettez cela à l’empereur du Brésil.

29 mai. — En rentrant, j’ai trouvé l’empereur du Brésil qui venait dîner avec moi. Il était accompagné du vicomte de Buen-Retiro, qu’il m’a présenté en disant : Je vous amène mon ami. M. de Buen-Retiro est un homme fort distingué. L’Empereur m’a remis sa photographie signée Pedro de Alvantara et datée 22 mai 1877. Nous avions Vacquerie et nos convives du mardi. Au dessert, j’ai porté un toast à mon « hôte illustre. » Il m’a répondu par un toast à moi-même. Causerie jusqu’à minuit. À minuit, luncheon. Il s’est retiré vers une heure.


La mort d’Autran avait créé une vacance à l’Académie, où Victor Hugo avait repris séance, pour la première fois depuis le coup d’État, le 29 janvier 1874, afin d’apporter son suffrage à Alexandre Dumas fils. L’élection du successeur d’Autran eut lieu le 7 juin. Trois candidats étaient en présence : Leconte de Lisle, Sardou et le duc d’Audiffret-Pasquier. Voici comment Victor Hugo s’exprime dans son carnet sur celle élection :


De chez Adam, à l’Institut. Je suis arrivé à trois heures un quart. La séance était commencée, trente-sept membres. (Trois absents : le mort, Autran ; un malade, Duvergier de Hauranne ; un boudeur, Dupauloup.) Majorité 19. Premier tour : Sardou 18, Pasquler 17, Leconte de Lisle 2 (Auguste Barbier et moi). Deuxième tour, mêmes chiffres. Troisième tour : Sardou 19, Pasquier 17, Leconte de Lisle 1 (moi). Sardou nommé. Barbier, en quittant Leconte de Lisle pour Sardou, a fait l’élection.

Accueil glacial que me fait l’Académie, excepté d’Aumale, qui m’a vivement salué, Jules Favre et Dumas fils, qui présidait. Jules Simon s’est levé de sa place, a traversé la salle et est venu me prendre les mains. Je lui ai dit à très haute voix : Jamais je ne vous ai serré la main avec plus de plaisir qu’aujourd’hui. En