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ainsi il s’amuse à accoupler index, vindex et les eaux d’Aix, ou ailleurs Cécube, Hécube, Cube et Danube. Le volcan d’Orizaba, au Mexique, lui inspire ce beau vers :

Monte, puissant volcan, aux neiges éternelles,

et une comparaison, sous deux formes entre lesquelles il hésite avec l’Etna,

Les volcans géants du Mexique
De fous vos Etnas font des nains.

Volcans géants du Mexique
Qui de l’Etna faites un nain.

A propos d’Amphisia, en Crète, il se rappelle et il inscrit un vers des Fastes d’Ovide. Un autre jour, il associe les trois grands tragiques grecs dans ce distique :

Euripide naissait le jour de Salamine :
Trophée où luit Sophocle et qu’Eschyle domine.

Est-ce pour la Légende des Siècles que Victor Hugo noie une même idée sous cette double forme dont sa richesse est prodigue ?

Pour la rendre invisible et tuer plus de Juifs,
Titus fit peindre en noir la pierre des balistes.

Pour tuer plus de monde et qu’on ne pût les voir,
Titus peignit les blocs des batistes en noir.

Parfois le poète est entraîné dans un passé moins lointain. Il note le mot de « Talleyrand, sortant- du cabinet du premier Consul et donnant le bras à sa maîtresse Mme Grant, devenue sa femme, » et il en fait deux vers :

Me voici marié. C’est à merveille. Ah ! çà,
Où vais-je aller passer maintenant mes soirées ?

dont il s’amusera à mettre le second, par une transposition imprévue, dans la bouche de Vaugirard, qui a épousé, sur l’ordre du roi des Thunes, sa maîtresse Pouffechou.

L’actualité trouve aussi sa place dans le carnet avec le siège de Sébastopol :