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Une femme, monsieur, doit toujours s’habiller,
Le matin pour les fleurs, le soir pour les étoiles.


Est-ce une scène entre Balminette et son mari que ces vers évoquent ?


Oh ! la drôlesse !
Et tout en se coiffant, tout en se décoiffant,
Tout en se recoiffant, elle faisait l’enfant.


Les Mômes sont une série de dialogues détachés où de jeunes enfants, qui veulent faire les hommes, échangent des impressions qui devancent leur âge. Commencés en 1848, Victor Hugo les a poursuivis jusque dans l’année 1856, dont le carnet leur apporte sa contribution. C’est Petit Jacquot qui parle :


Il prétend épouser Flora, je hais cet être, —
Signalement : vieux, chauve, un nez immodéré. —
Dès la première fois que je le rencontrai,
Je sentis vaguement que ce bonhomme horrible
Traverserait ma vie en quelqu’endroit terrible,
Et je le pris en grippe avec férocité.
Il était autrefois drapier dans la cité,
Et c’est évidemment un rogneur de centimes.
Je le hais ; et voilà mes sentiments intimes.


Si Le Spleen et Les Mômes ont passé, soit dans les morceaux achevés, soit dans le reliquat du Théâtre en Liberté, il y a dans le carnet de 1856 un prologue fragmentaire qui ne me paraît se rattacher à aucune scène ou à aucun personnage jusqu’ici connus du théâtre « injouable » de Victor Hugo. Je trouve qu’il est amusant, par la preuve nouvelle qu’il donne de l’extraordinaire facilité d’improvisation et de la prodigieuse abondance verbale de l’auteur de la Légende des Siècles. Ce prologue met en scène un magicien, Tuffanillis, qui évoque le Diable et lui fait des questions. Il lui demande quel est son but. Le Diable marque, d’un mot plus brutal, qu’il s’applique à « resserrer » la production de Dieu.


Il crée
Trop ; c’est inquiétant, cette verve sacrée.
Il fait des tas de cieux, d’astres et d’univers,