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l’homme sur Dieu et sur la création. Le manuscrit de 1855 donnait la parole à la Chauve-Souris, au Corbeau, à l’Aigle et au Griffon. En 1856, Victor Hugo y ajouta le Hibou pour exprimer le Scepticisme et le Vautour pour traduire le Paganisme.


Et je vis au-dessus de ma tête un point noir,
Et ce point noir semblait une mouche dans l’ombre…
Et cette mouche était un vautour.
Il planait.


« Le poète ne décrit pas « le grand vautour béant, » auquel il fait raconter, en vers qui sont souvent d’un éclat magnifique, la mythologie antique et la tragédie de Prométhée, mais son pinceau s’applique a le dépeindre avec son bec d’acier, qu’il veut « fin et aigu » et avec sa puissance qui symbolise la « communion avec l’infini. »

C’est à cet épisode qu’il faut évidemment rattacher deux vers inédits du carnet :


Non content de l’azur, Jupiter prit la terre,
Et Prométhée alors voulut prendre le ciel.


et sans doute aussi ce bel alexandrin où le poète exprime l’idée de la fatalité :


Les noirs exils sont pleins d’innocents criminels.


Avec les fragments qui se rapportent à Dieu, le carnet de 1850 ne contient qu’une seule ébauche, très poussée d’ailleurs, d’une pièce complète, Cauchemar Posthume, parue dans Dernière Gerbe : les variantes que je pourrais y glaner n’ont pas assez de prix pour que je m’y arrête.

Au contraire, il abonde en vers inédits qui se rapportent à quelques-unes des comédies publiées ou à quelques-uns des personnages mentionnés dans le Théâtre en Liberté.

Sous ce titre le Spleen, Victor Hugo avait, de 1840 à 1858, écrit, au hasard de son imagination, les scènes éparses d’une comédie injouable où Tituti, un personnage de libre fantaisie, et qui s’exprime librement sur tout et sur tous, jouait le rôle principal. Le carnet fait à Tituti une assez large place.