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superposés. Quand ils se sont sentis battus, les Allemands ont attaché leurs yeux sur le Président Wilson. Il voulait de la démocratie. Le prince Max de Bade a commencé à lui en offrir. M. Wilson a paru trouver que ce n’était pas assez. M. Ebert en a mis davantage. Le Président a semblé redouter que cette fois ce ne fût trop : après avoir dit qu’il n’écouterait qu’un gouvernement démocratique, il venait de dire qu’il ne ravitaillerait qu’un gouvernement régulier. Il s’agissait, après lui avoir fourni de la démocratie, de lui fournir de l’ordre : ces deux articles, pure camelote allemande, made in Germany; mais quel beau trait de l’hypocrisie nationale, quel beau modèle de la fausseté de la race ! C’est contre le Président des États-Unis qu’ont été, d’abord, dirigées les batteries de la duplicité germanique. Elle s’est flattée d’attendrir son humanité et d’apitoyer sa vertu. La pauvre Allemagne a tant souffert! Les vieillards allemands, les femmes allemandes, les petits enfants allemands meurent de faim ! Tel a été le thème des récriminations et des jérémiades alternées, depuis les discussions sur l’armistice dans le train du maréchal Foch. Quatre heures durant, M. Erzberger et ses compagnons l’ont rebattu, pendant la nuit du 10 au 11 novembre. Si le blocus était maintenu, si l’Allemagne était obligée de livrer tout ce matériel roulant, 5 000 locomotives, 150 000 wagons, ne fût-ce qu’une restitution, comment s’approvisionnerait-elle, et comment transporterait-elle de quoi manger? À cette pensée de la disette qui se prolongerait, les parlementaires allemands n’avaient pu retenir leurs larmes ; mais les Alliés avaient promis de prendre en considération, dans la mesure du possible, et une fois les régions martyres et les nations amies suffisamment alimentées, les nécessités de l’Allemagne. Et les parlementaires, les plénipotentiaires avaient signé. Maintenant, le quasi-ministre, le tiers de ministre, mi-impérial, mi-révolutionnaire, le docteur Soif, épilogue. Il tente d’ébranler, par les secousses répétées et accélérées de la télégraphie sans fil, les nerfs de M. Wilson, et il y met une si grande indiscrétion que M. Lansing se voit contraint de l’avertir que ces communications doivent être adressées, non pas au seul Président des États-Unis, mais à l’ensemble des Puissances alliées ou associées; qu’au surplus, il existe, dans les rapports internationaux, d’autres moyens de correspondre que les radios. Ce qui prouve, pour le dire en passant, qu’il y avait peut-être quelque imprudence à condamner si fort la diplomatie secrète et à si fort vanter la diplomatie publique, sans avoir très exactement défini le nouveau jeu et en avoir posé assez rigoureusement les règles. Malgré la mercuriale, qu’il n’avait pas volée, le