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UN TÉMOIN
DES RESPONSABILITÉS
DE LA GUERRE [1]

Ce fut un événement imprévu et plutôt extraordinaire dans la vie paisible de la jolie capitale hollandaise que ce concours soudain, au mois de mai 1899, de diplomates, d’hommes d’Etat, de savants, de soldats, de marins, d’écrivains, envoyés par leurs Gouvernements, sur l’initiative du tsar Nicolas II, ou venus de leur plein gré, pour servir la cause de la paix. Le ministre d’Autriche-Hongrie, comte Okoliczdnyi d’Okolicjna, avait une femme charmante, Russe d’origine et cosmopolite de culture, dont le salon devint naturellement le centre de celle société internationale, qui avait besoin de se réunir, de se détendre et de causer. On y causa beaucoup, parfois même avec abandon et en toute liberté. La jeune fille de la maison avait dix-huit ans. Elle a gardé de ce qu’elle entendit l’impression que si les chefs d’État représentés à la première Conférence de la paix avaient répondu, en toute bonne foi, à l’appel de l’empereur de Russie, deux d’entre eux restaient à l’écart nt aiguisaient en secret leur couteau pour le meurtre. Mais une pareille révélation n’était encore qu’amorcée. Quatre ans plus tard, Olga Okoliczdnyi d’Okolicjna entrait à la cour d’Autriche comme dame d’honneur de l’archiduchesse Isabelle, femme de l’archiduc Frédéric d’Autriche, commandant en chef des armées de la double monarchie. Là, pendant trois années, elle vit de

  1. Court and Diplomacy in Austria and Germany : What I know, by Countess Olga Leutrum, London, T. Fisher Unwin, 1918.