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LES OTAGES FÉMININS
DANS LES
CAMPS DE REPRÉSAILLES

Qui dit : « camp de représailles, » avouent les Allemands, dit : « camp de souffrances. » D’en avoir infligé le supplice, non seulement à des soldats prisonniers, mais à des civils et, parmi ceux-ci, à des femmes, n’est pas l’un des moindres crimes dont au « maître jour, au jour juge de tous les autres, » nos ennemis vont avoir à répondre. Nous avons entre les mains le journal d’une Laonnoise, Mme V… ainsi emmenée en otage. On trouvera, dans le récit qu’on va lire, le résumé et des extraits de cet émouvant journal.


« Dans la matinée du 31 décembre 1917, écrit Mme V….. les agents de la ville que la Kommandantur avait pris sous ses ordres, parcoururent notre vieille cité… » Ils s’arrêtaient devant certaines maisons, sonnaient, déposaient une feuille de papier « tapée » à la machine à écrire et signée du commandant de place. « Mon mari déplia cette circulaire et lut que j’étais désignée comme otage de représailles, le gouvernement français retenant injustement des Alsaciennes-Lorraines réclamées par l’Allemagne ( ! ? ). »

Vingt-quatre Laonnois sont ainsi choisis. Ils appartiennent à toutes les conditions sociales. Si, parmi eux, on trouve le chef de division de la préfecture, sa femme et ses filles, la femme d’un officier, le secrétaire-greffier du conseil de préfecture et sa femme, on note également des femmes de boutiquiers, voire de simples ouvrières.