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dont les généalogistes, — le Père Anselme en particulier, — aient eu à suivre le développement dans nos provinces. Non seulement en Guyenne, en Languedoc, en Navarre, on trouve des Castelnau ; mais on en découvre aussi en Quercy, en Comminges. Il y a bien un peu, chez plusieurs, de l’accent du Béarnais. La branche du Rouergue, notamment, à laquelle appartient l’actuel général, très belle, très française (d’à constat de Toulouso, moun gêneral ! D’à côté de Toulouse, mon général ! ) est l’une des plus hardies et des plus mâles. Nous avons vu, dans cette guerre, les sacrifices consentis par elle à la patrie. Mais, à une branche plus éloignée, celle de Castelnau-Mauvissière (du nom d’une seigneurie sise en Touraine), se rattache, en pleine sève, le lieutenant-général et futur maréchal des armées de Louis XIV. Sur la housse à fond bleu de roi dont était revêtu le cheval qui le portait dans les combats, Jacques, marquis de Castelnau, pouvait montrer ses armes, « d’azur au chasteau ouvert, d’argent maçonné de sable, crénelé et sommé de trois donjons couverts. » « Deux loups passants de sable » s’y faisaient voir sur fond d’or ; et, jamais, pendant toute une longue suite de guerres, ces armes ne cessèrent de demeurer, conformément à leur origine, celles d’un soldat et d’un gentilhomme.

Ce que ce gentilhomme fut dans son adolescence, voilà bien, pour nous aider à fixer les traits d’un Castelnau, ce qu’il importe de demander aux textes. Et, d’abord, disons-le hautement : l’épée à lame d’acier trempé que la ville de Saint-Affrique offrit, en mémoire de la défense de Nancy, au commandant en chef de l’armée de Lorraine, a bien une signification précise dans la famille. Les parents et aïeux de Jacques, marquis de Castelnau, avaient droit, plus que quiconque, en leur temps, au port de cette épée. Ils étaient, les uns et les autres, rudes jouteurs et francs duellistes ; et ce n’est pas pour rien que le futur lieutenant-général de l’armée du roi en Flandre naquit en pleine Fronde, l’année de l’affaire des Ponts-de-Cé, en 1620.

Dès ce temps du siècle, les Castelnau, comme les Marsillac, avaient déjà « quelque chose de chagrin et de fier dans la mine. » D’humeur batailleuse, ils ne manquaient point, de même que les Montmorency, les Bussy, Chapelle, Boutteville et tant d’autres, à l’honneur, malgré les édits, de croiser le fer (ainsi qu’il convenait en ces temps-là) devant témoins et sur un pré. Edouard-Robert de Castelnau, baron d’Ionville et