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Etant l’âme à jamais de tous les paysages ;
Ils hantent les vallons, les plaines, les rivages,
Et tant que vivra l’homme ils seront là, vivants,
Dans l’air, le feu, les eaux, les feuilles et le vent :
Et c’est pourquoi, Roussel, peintre à la brosse agile
Comme un vers, je vous aime en Chénier et Virgile,
Vous qui, comme Corot, Chavannes ou Poussin,
Voyez à la nature un visage divin.


MAURICE DENIS


LE NU AU CAVALIER


C’est en vain, ô beau chevalier, que la cuirasse
Défend ton jeune sein de la flèche au vol fier :
Sa pointe, malgré tout, pénétrera ta chair ;
Tu n’éviteras pas le sort qui te menace.

Que ton fougueux cheval à le fuir se harasse,
Que tu passes le fleuve et le lac et la mer,
C’est en vain ! De ton cœur, sous la soie et le fer,
L’archer mystérieux trouvera bien la place !

Si loin que ton galop t’entraîne, c’est en vain
Que tu veux oublier la porte et le jardin !
N’est-ce pas là, dis-moi, que tes yeux l’auront vue,

Celle dont le regard d’amour t’attend là-bas,
Et vers qui, cœur blessé, toujours tu reviendras
Et parce qu’elle est belle et parce qu’elle est nue ?


MOYEN AGE


L’ANGE MUSICIEN


Le temps entre tes mains a brisé la viole
Ou le théorbe dont tu jouais autrefois,
Bel ange qui mêlais ta cadence et ta voix
À l’hymne triomphal qui, vers le ciel, s’envole.