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Il a rappelé aujourd’hui la mort du colonel Combes se tenant debout, appuyé sur deux officiers et disant :

— C’est un beau fait d’armes. Heureux ceux qui lui survivront !

On vit alors un petit trou à sa poitrine et il tomba mort.

En nous montrant les papiers, correspondance de Monsieur le Prince (Condé), — il en a 400 volumes, — et les rapports des agonis de Condé en Espagne, annotés par le Prince :

— Ils étaient « piocheurs, » ces gens-là ! dit-il.

Dans sa belle bibliothèque, pleine de livres merveilleusement reliés, je lui demande :

— C’est là que vous travaillez, Monseigneur ?

— C’est là que je m’amuse. Je travaille en bas, dans un autre cabinet.

Revenus par la forêt toute dorée. Impression délicieuse de nature et d’art.

Bonnat espère que Carolus-Duran sera nommé à l’Institut malgré Gérôme qui ne lui trouve aucun talent, pas plus qu’à Diaz, par exemple.

— Ce sont des chiqueurs, dit-il, Diaz ne sait pas dessiner un arbre !


17 mars 1894.

Sans doute, je prends tous ces tracas trop à cœur. C’est insignifiant. Mais un tas de choses insignifiantes, cela fait un total de bien des ennuis.

Enfin, après avoir rédigé hier trois lettres, donnant ma démission, l’une au ministre, les deux autres à Hecq et à Roujon, je les ai, ce matin, recopiées de ma plus belle écriture, les deux dernières sur mon papier liber libro qui redevient ma devise et tout à l’heure (une heure un quart) je vais les faire porter. Et voilà.

Je suis très calme, je suis même gai, trop gai peut-être devant un inconnu toujours inquiétant. Mais, en dépit d’un petit, tout petit regret, — de quoi ? par exemple, je me le demande, — j’ai la sensation de respirer plus librement.

Et maintenant, tâchons de trouver le temps de noter ce qui va suivre, le steeple-chase des candidatures et le post-scriptum de mon administration.