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FRAGMENTS
D’UN JOURNAL INTIME

L’Académie française s’apprête à recevoir le successeur de. M. Jules Claretie. Comme préface à l’éloge de l’administrateur de la Comédie-Française et de l’auteur de la Vie à Paris, nous sommes heureux de pouvoir donner ici quelques extraits des Notes qu’il prenait au jour le jour et pour lui seul sur tous les événements. Elles permettent de saisir sur le vif les procédés d’observation et la méthode de travail de l’écrivain.


17 octobre 1885.

Six heures du soir. — On a parlé de ma nomination au Conseil des ministres. Goblet a lu les noms des candidats. On n’a pris aucune décision.

M. Hecq, chef de bureau de Turquet que j’ai vu aujourd’hui, me dit que c’est fait en somme. Patientons !


20 octobre.

A deux heures, Henri Régnier recevait l’ordre par téléphone de préparer le décret. Hecq m’écrivait que ce serait fait aujourd’hui.

Les élections du 18 ont été la contre-partie des élections du 4. Le 4, la France avait dit : Je me trouve mal gouvernée ! Le 18, elle dit : Je ne veux pas changer de gouvernement.

11 heures. — Kératry m’écrit que ma nomination vient d’être signée. Et Lucien, mon domestique, me dit qu’un monsieur s’est présenté tout à l’heure en disant :

— Je suis le chemisier de M. Perrin !  !  ! Offres de service. C’est fantastique.