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les esprits dans le camp de l’Entente comme plus important que la perte effective de centaine de milliers d’hommes et de 1 500 canons. Les ennemis se sont trompés, ils continueront de se tromper dans l’avenir. Ils ne connaissent pas l’inébranlable confiance du peuple allemand dans ses chefs militaires… » (Vossische Zeitung, 2 novembre 1917.) On dit, il est vrai, que des troupes anglaises et françaises accourent au secours des Italiens : ces « quelques milliers d’hommes » arriveront trop tard et, du reste, comment remplacer le matériel perdu par les Italiens ? Si l’Entente s’obstine à continuer la guerre, les avantages que les Puissances centrales viennent de remporter en Italie, contre-balanceront le secours que l’Amérique pourrait apporter aux Alliés… Enfin, les Allemands croient que la victoire qu’ils viennent de procurer à l’Autriche enchaîne désormais cette alliée faible et mal sûre.

Au milieu de ce débordement d’enthousiasme, on ne prête plus aucune attention à la victoire que les Français viennent de remporter sur le Chemin des Dames, et à la prise du fort de la Malmaison, — succès « exagéré, » car « l’exagération est dans le caractère des Français ; » aucune « percée de grand style » n’a été réalisée. On se divertit même à la pensée que les mines des Anglais doivent s’allonger devant la victoire de leurs compagnons d’armes.


L’EFFONDREMENT DE LA RUSSIE

La bataille italienne n’est pas encore terminée qu’arrive la nouvelle du coup d’État maximaliste. Cette fois, il n’y a plus de doute : la Russie va traiter, car Kerenski n’est tombé que pour avoir voulu continuer la guerre. L’explosion de joie est telle que le gouvernement, inquiet du lendemain, tâche de réagir : il faut attendre les événements, aucune proposition d’armistice n’est encore parvenue au commandement militaire, ce sont là de faux bruits, des manœuvres de l’étranger « pour ébranler le moral allemand. » Mais les imaginations sont en branle, car il est hors de doute que la Russie où les forces de désorganisation agissent avec une effrayante rapidité, ne veut plus entendre parler de la guerre. Quand l’armistice est conclu, l’exaltation augmente encore. Il y a des manifestations à Berlin. Dans des réunions publiques on vote des motions pour une paix