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l’Angleterre sera affamée. — L’aide américaine ? Pure invention de l’Agence Reuter. « A l’arrière on ajoute que peu de foi aux informations allemandes, la plupart de source officielle, et pourtant on a toujours pu constater l’authenticité des nouvelles données par nos autorités militaires. » Comment par exemple une grande armée américaine pourrait-elle être expédiée en Europe ? Où sont les navires dont l’Entente aurait tant besoin pour son ravitaillement ? (Hannoverscher Anzeiger, 16 juillet 1917.) — La France semble plus belliqueuse que jamais, mais, en réalité, elle se trouve à la veille de grands bouleversements politiques : Ribot ne pourra résister aux attaques de Clemenceau, Poincaré est décidé à démissionner, les temps des Caillaux sont proches. — Les révélations du Times ne sont que mensonges, et, si l’on veut être informé des véritables origines de la guerre, il faut s’en tenir aux traités secrets passés entre la France et la Russie et divulgués par le chancelier. — Quant à l’Alsace-Lorraine, afin d’édifier une fois pour toutes la conscience allemande, les journaux publient d’interminables articles soit sur le passé germanique des deux provinces, soit sur l’annexion de 1871. (Ce luxe d’arguments est un peu surprenant, puisque c’est un axiome qu’« il n’y a pas de question d’Alsace-Lorraine ; » il étonne jusqu’à un journal de Munich, qui met en doute l’à-propos de ces controverses. Certains Allemands en seraient-ils déjà venus à se demander dans leur for intérieur s’il est sage de conserver deux provinces qui, avant et pendant la guerre, n’ont cessé de manifester leur horreur de l’Allemagne ? On n’ose pas l’affirmer. En général, la presse ne s’occupe de l’Alsace-Lorraine que pour déplorer le défaut de patriotisme des Alsaciens-Lorrains, tout en soutenant que cette terre est et restera allemande.)

Le désir de paix est plus ardent que jamais. Les socialistes attendent tout de Stockholm. Les catholiques ont les yeux fixés sur Rome. Le gouvernement se garde bien de décourager les uns et les autres. Il reste le maître de faire cesser le jeu quand tel sera son bon plaisir. En attendant, la catholique Autriche est satisfaite ; peut-être les socialistes de l’Entente finiront-ils par tomber dans le panneau ; et le peuple allemand se réjouit d’entendre prononcer le mot de paix.

Ces manœuvres et ces campagnes de presse ne raffermissent pas encore l’opinion. Le public attend toujours la