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L'OPINION ALLEMANDE
PENDANT LA GUERRE
III [1]

LE RÉVEIL DES ESPÉRANCES ET DES CONVOITISES
(Juillet 1917-Juillet 1918)

La chute de Bethmann-Hollweg est le triomphe du parti de la guerre. L’Empereur, une fois de plus, cède aux menaces des pangermanistes. Une dictature militaire représentée par Hindenburg et Ludendorff, soutenue par le Kronprinz, gouverne l’Empire. Le nouveau chancelier Michaëlis est l’homme de paille des généraux. Toutes les décisions désormais émanent du Grand Quartier. Lorsque la médiocrité de Michaëlis deviendra par trop manifeste, ou appellera Hertling, mais rien ne sera changé. Si un Kühlmann fait mine de pratiquer une politique personnelle, on le brisera. Les deux dictateurs sont maîtres de la politique intérieure et de la politique étrangère. Leur pouvoir est absolu. Quant au Reichstag, ils jugent inutile de le dissoudre, le sachant sans aucune influence sur l’opinion du pays : on peut sans péril laisser à quelques politiciens la liberté de discourir sur la « démocratisation », la « parlementarisation, » et il n’est pas mauvais que des étrangers naïfs croient qu’il existe des libéraux en Allemagne.

  1. Voyez la Revue des 1er et 15 novembre.