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par la nécessité, consacrées par l’estime réciproque, elles seront la garantie des temps meilleurs qui s’ouvrent pour l’humanité.

Maintenant que la tourmente est passée, tournons-nous vers l’avenir et vers ses perspectives radieuses !

C’est un trait où se peint l’âme de la France que, depuis le jour où l’Alsace-Lorraine lui fut arrachée, elle n’ait pu recouvrer la santé. Enfin guérie de la blessure dont elle a tant souffert, rétablie dans son intégrité, grandie par quatre années d’héroïsme, elle retrouve son équilibre et reprend son rang parmi les nations.

Qui se refuserait à voir dans le soudain effondrement de l’Allemagne, la main du Dieu qui châtie ? Ainsi continue de s’accomplir sous nos yeux la mission providentielle de la France, loi permanente de son histoire : Gesta Dei per Francos.

Le prestige qu’elle a reconquis par les armes, il faut désormais que l’art et la littérature le lui confèrent pareillement. C’est aux écrivains que je m’adresse, au seuil de cette vieille et toujours jeune maison des lettres. Comme aux époques les plus fameuses, il faut que, grâce à eux, la France de demain étale au soleil de la pensée une de ces riches moissons spirituelles, où son heureuse fécondité s’épanouit en œuvres toutes belles, toutes nobles, toutes généreuses. Donc, rejetez loin de vous les misères d’autan, vous qui travaillerez dans l’allégresse et dans la fierté ! Vous tous, poètes, romanciers, écrivains de théâtre, artisans de toutes les formes du verbe, n’oubliez plus que vous êtes les porte-parole d’une France triomphante ! Et qu’encore une fois le génie français prenne un sublime essor, emporté jusqu’aux étoiles, par le coup d’aile de la victoire !


RENE DOUMIC