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REVUE SCIENTIFIQUE



ÉVOLUTION ET BACTÉRIOLOGIE DE LA GRIPPE






Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés.

Ce vers fameux s’appliquerait fort bien à la grippe actuelle.

Actuelle est peu dire, car, en réalité, voilà un bon semestre que cette épidémie, ou plutôt cette pandémie, — les médecins ont de ces superlatifs, — sévit sur l’Europe. Depuis quelque temps, on l’a signalée aussi aux Indes, au Japon, en Afrique du Sud et dans les deux Amériques, et il semble que notre petit globe tout entier soit envahi par cette maladie.

Pour nous en tenir à la France, qui est et doit rester dans tous les domaines le centre de nos soucis et de nos dilections, les journaux nous donnent maintenant, chaque jour, à côté du communiqué militaire, et presque en aussi bonne place un «  communiqué grippal » où sont résumés et commentés, au gré des statistiques, des avis divergents de messieurs de la Faculté, et de l’atmosphère plus ou moins fiévreuse des salles de rédaction, les derniers exploits de la fâcheuse influenza. À cet égard, Paris l’emporte un peu sur la province ; mais c’est seulement parce que les plus notoires nouvellistes ont leur Q. G. à Paris, et, en vérité, la province n’a pas été moins touchée que Paris, elle l’a même sans doute été plus, par la maladie à la mode.

C’est « grippe espagnole » qu’on l’a baptisée d’abord l’été passé, et cela… parce qu’elle est, non pas espagnole, mais allemande. Je m’explique. En 1580 sévit en Allemagne une redoutable épidémie de grippe que nos voisins et ennemis d’Outre-Rhin baptisèrent alors, — on ne sait pourquoi, mais on peut le supposer, — « spanische Diep. »