Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 48.djvu/249

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
245
GUILLAUME À SA TOUR MONTE.


Ah çà ! s’est-il donné, devant tout l’Avenir,
Le ridicule
D’être à sa tour monté pour ne rien voir venir ?
Pâle, il calcule

Qu’on la verra, sa tour, de tous les points du temps
Et de l’espace !
« On l’aurait pu choisir, dit-il entre ses dents,
Un peu plus basse. »

Et sentant s’éloigner la victoire qu’il faut
Coûte que coûte,
L’Empereur et le Clown n’échangent pas un mot,
Car l’Aigle écoute !

Le Clown dit, car il faut que l’Aigle par sa voix
Soit amusée :
« J’aperçois un gotha… J’entends Bertha… Je vois
Une fusée…

« Il faut attendre encor… » — Et puis il a fallu
Ne plus attendre.
Il a fallu descendre… Ah !

! que j’aurais voulu
Les voir descendre !

Et l’Aigle, qui de tout avec avidité
Veut qu’on l’informe,
Dit : « Je sens l’air moins vif. Est-ce qu’on a quitté
La plate-forme ? »

L’Aigle, qui sent, à chaque marche, avec effroi,
L’Empereur fondre,
Crie : « On descend ! Je sens que l’on descend ! Pourquoi ? »
Et, sans répondre,