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livre sterling, qui fait "prime sur le franc, subit une perte d’environ 2 pour 100 par rapport au dollar américain et de 10 pour 100 par rapport à la peseta espagnole. A la minute où l’or circulera librement dans les canaux des échanges internationaux, ces écarts disparaîtront. Il serait aussi illogique qu’inutile de chercher à consolider une situation provisoire et de bouleverser à tout jamais un équilibre vers le rétablissement duquel tendra naturellement le jeu des forces économiques.

Nous ne devons ni ne pouvons dire que le gramme d’or vaut 4 francs, puisque le point de départ de notre système monétaire est l’équivalence du gramme d’or et de 3 francs 444 millimes. Mais comme, d’autre part, les gouvernements alliés ont le plus grand intérêt à ce que la production du métal jaune ne se ralentisse pas sur leur territoire, il faut chercher, par tous les moyens possibles, à soutenir les mines. On doit pour cela aller jusqu’à l’extrême limite des dégrèvements d’impôts, leur donner des facilités de transports, concéder des réductions du taux d’assurance. Si toutes ces mesures ne suffisent pas à ramener le prix de revient au-dessous des prix de vente, on a été jusqu’à envisager l’octroi temporaire de subsides aux entreprises aurifères.

Cette dernière suggestion est antiéconomique. Mais l’interdiction imposée aux mines de vendre librement leur or est antiéconomique également. Une restriction mise à l’indépendance d’un organisme peut entraîner l’obligation de lui accorder un soutien. Si les mineurs du Transvaal n’étaient pas obligés de réserver leur or au gouvernement britannique, ils pourraient l’exporter dans les pays comme la Hollande ou l’Espagne et les y transformer en florins ou pesetas qui font une prime considérable par rapport à la livre sterling.

Quoi qu’il en soit, on se préoccupe de maintenir la production de l’or, tandis que celle de l’argent est stimulée par l’accroissement de la demande. Il est curieux de rapprocher les destinées actuelles des deux métaux précieux, le blanc et le jaune, que la guerre a influencées de façon diverse. Le métal blanc ayant cessé presque partout d’avoir force libératoire, c’est-à-dire d’être un véritable métal monétaire, s’était rapproché des conditions d’une marchandise ordinaire et subissait les effets de l’offre et de la demande. Les besoins de frappes de monnaies divisionnaires s’étant multipliés depuis 1914, nous avens assisté