Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 48.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’ont pas même eu le temps de couper les communications avec leur état-major. Un de mes officiers, qui s’est mis à l’appareil, a pu causer avec le commandant en chef. Nous savons exactement le nombre des troupes bolchevistes à Tikhoretskaya, Torgowaya et Bieloglina.

« J’ai confiance dans l’avenir. Le général Popof viendra bientôt me rejoindre avec 2 000 hommes. Dès demain, nous entrons sur le territoire de Yésky-otdièl, où se trouvent deux régiments, jadis rattachés au mien, quand nous opérions dans les Carpathes : j’ai reçu aujourd’hui leurs délégués. Au Kouban, le général Erdeli m’amènera deux bons bataillons de Cosaques et deux autres bataillons de montagnards.

« Quant aux troupes caucasiennes, j’ai, au mois de décembre dernier, signé une convention avec le Conseil de l’Alliance des Montagnards, stipulant qu’il mettra le corps de cavaliers indigènes du Caucase sous mes ordres.

« Vous savez quelle déception les Cosaques m’ont causée. Partout où j’ai pu, dans les stanitzas, leur adresser la parole, je leur ai affirmé qu’ils me reviendraient, quand ils auraient fait connaissance avec le système des Bolcheviks.

« Je suis un Cosaque, c’est-à-dire un républicain-né. Dès le commencement de la révolution, j’ai embrassé la cause de la liberté, et rassemblé les bons éléments autour de moi. Malheureusement j’ai vu que mon pauvre pays n’est pas encore mûr pour cette forme supérieure de gouvernement qu’est le régime républicain. C’est pourquoi je dis à tous : « Si le retour à la « monarchie est réclamé par le libre vœu du peuple russe, nous « l’accepterons ; jamais nous ne l’accepterons sous la pression « allemande. Nous n’accepterons aucun régime quel qu’il soit, « qui nous sera imposé par l’Allemagne. »

« Dites partout, et en particulier au général X… (un général français), si vous le voyez, que nous représentons l’armée russe, que les nobles traditions militaires russes, son esprit de corps, son sentiment de l’honneur continuent de vivre en nous. Un jour viendra, où tous les patriotes accourront à nous, et où la malheureuse Russie comprendra qu’elle a été trahie et vendue. Jusque-là, nous avons pour mission de tenir. Nous tiendrons ! »


L. GRONDIJS.