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que vous voulez nous anéantir. Notre guerre deviendra alors une guerre de défense, une guerre sainte. Et alors le ministère parlementaire, le ministère démocratique, montrera son autre visage, de ministère de défense nationale. »

Tel est, effectivement, le langage qu’a tenu le prince Max de Bade ; et nous nous étions bornés à l’interpréter par avance un peu librement. Dans la note où, chose étrange, le prince prend l’attitude de s’adresser à M. Wilson comme à un arbitre plus que comme à un belligérant, il le « prie » de s’employer à procurer à l’Allemagne un armistice et au monde la paix. Cette note nous la lirons à la lueur de l’incendie de Douai. La réponse des Alliés sera simple, péremptoire et unanime.

Pour l’armistice, il y a une formule célèbre, et il y a un précédent tout frais. La formule est celle de la Convention. « On ne traite pas avec l’ennemi qui occupe le territoire de la République. » Le précédent est celui de la Bulgarie. Nous n’avons pas de raison de faire aux Allemands d’autres conditions qu’aux Bulgares. Formule et précédent se rejoignent en une règle impérative : qu’ils évacuent, avant toute conversation. Et cette conversation même, ce n’est pas au prince chancelier de l’engager avec le Président Wilson, mais au maréchal Hindenburg avec le maréchal Foch. Affaire strictement militaire, à mener militairement.

Pour la paix, ou tout simplement pour l’ouverture de négociations de paix, ce serait plus délicat, si, quelque part dans l’Entente, on choisissait ce moment pour chanter un hymne niais et mou à la paix sans victoire. Il n’y aura pas de paix sans victoire. Il n’y aura de paix que par la victoire. La victoire est non seulement le chemin, mais le véhicule de la paix. Nous ne sommes pas encore complètement victorieux. Mais les Empires sont déjà vaincus.


CHARLES BENOIST.

Le Directeur-Gérant : RENE DOUMIC.