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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Le Destin, qui était fixé depuis le 15 juillet, se déclare, et son arrêt est non seulement rendu, mais accepté. On a appris, le samedi 5 octobre, vers midi, à Berne, que le ministre d’Autriche-Hongrie à Stockholm avait été chargé de prier le gouvernement suédois de transmettre à M. Wilson une dépêche dont le texte est publié par le Bureau de Correspondance viennois, et aux termes de laquelle « la Monarchie austro-hongroise... propose au Président des États-Unis de conclure immédiatement avec lui et ses Alliés un armistice général sur terre, sur mer et dans les airs, et d’entamer, immédiatement après, des négociations pour la conclusion de la paix. » En prenant contact avec le Reichstag allemand, le nouveau Chancelier de l’Empire, prince Max de Bade, s’est officiellement associé à la démarche, dont l’Empereur même, dans une proclamation à son armée et à sa marine, a revendiqué la responsabilité. La Turquie va suivre à son pas, qui sera sûrement accéléré. Mais le fait, tel qu’il est aujourd’hui, et sans préjuger de demain, domine et emplit, bien au-delà de cette quinzaine, des mois et des années. Il marque le sommet de la guerre : tous les autres n’ont été qu’en préparation, en direction, et comme en fonction de celui-ci. A vrai dire, il était si inévitable qu’à l’observateur attentif, il n’a offert rien d’imprévu : on ne pouvait hésiter que sur la date plus ou moins proche d’une échéance devenue fatale. Au point aigu où en étaient les choses, il est probable que la situation politique n’a pas été sans influence sur la solution militaire, mais il est sûr que la situation militaire a pesé d’une action prépondérante sur la résolution politique.

Pendant trois jours, sur le front de France, les opérations militaires s’étaient ralenties. Les Anglais et nous prenions pied à pied les avancées de Saint-Quenlin. Au plateau de Vauxaillon, Mangin,