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aux maires de veiller sur l’hygiène de l’habitation. La même loi prescrit la déclaration obligatoire de certaines maladies épidémiques, et c’est ici que nous allons voir l’inutilité de légiférer lorsqu’on n’a pas en même temps la volonté de sanctionner.

Je connais un directeur de bureau municipal d’hygiène qui avait proposé au maire de poursuivre tous les habitants d’une ville qui ne s’étaient pas soumis à la revaccination obligatoire prescrite par la loi. Le maire haussa les épaules : 50 p. 100 des électeurs soumis légalement à cette revaccination s’y étaient soustraits. Les maires ne sont pas nécessairement des héros.

Le maire d’une petite commune voisine avait fait poursuivre quelques-uns de ses administrés qui ne s’étaient pas fait revacciner conformément à la loi : il ne fut plus réélu et voilà tout. Eh bien ! la même chose a lieu pour la lutte contre les taudis, pour les désinfections, etc. J’en pourrais citer mille exemples.

Certaines mauvaises langues prétendent que la loi sur l’hygiène publique de 1902 a donné intentionnellement aux magistrats municipaux, et non à d’autres, les pouvoirs de justice et de police prévus par la loi, afin de rendre celle-ci inapplicable. C’est pourquoi la suppression des taudis, pépinières de tuberculeux, est pratiquement impossible avec la législation actuelle.

Il faut, — c’est un devoir urgent, — refondre la loi sur l’hygiène publique de 1902, la rendre pratique, opérante, sévère ; en soustraire l’application aux contingences électorales ; l’accompagner de sanctions qui ne soient pas seulement théoriques. En un mot, il faut que cette loi soit une loi et non un objet de risée.

Voilà un problème bien digne de tenter le docteur Clemenceau, lorsque aura définitivement réussi la petite opération de chirurgie européenne en cours.


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Et, puisque nous tâchons de sérier les questions, de commencer par la base l’édifice antituberculeux, de ne pas mettre la charrue devant les bœufs, il nous faut maintenant dire un mot du deuxième terme de la lutte contre le fléau : la bonne alimentation.

La question de la suralimentation des tuberculeux a fait l’objet de discussions répétées. Il est certain que le tuberculeux doit être suralimenté. Il est non moins certain que cette suralimentation doit être empruntée aux féculents et aux graisses plutôt qu’aux viandes et aux autres aliments azotés parce que, comme je l’ai montré dans ma