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réunissons les deux premières catégories, et nous verrons que, s’il n’est demandé que 39 pour 100 du total, par les impôts sur les consommations générales, à la masse de la population, il est réclamé 61 pour 100, par les impôts sur les revenus, capitaux et luxe, aux contribuables des « cédulaires, » aux privilégiés du « global, » à la minorité qui participe aux mouvements des capitaux ou aux jouissances somptuaires. Il nous paraît que cette répartition du nouveau fardeau fiscal est assez juste, et plutôt à l’avantage du grand nombre ; rien de plus faux en tout cas que de prétendre que la « richesse » a été ménagée au détriment des intérêts populaires.

L’Angleterre, dont l’exemple revient à chaque page, a procédé autrement dans la répartition de ses charges nouvelles : elle a demandé bien davantage aux impôts directs sur la richesse qu’elle a accrus de 169 pour 100 de 1914 à 1917, tandis qu’elle ne haussait que de 40 pour 100 les impôts de consommation. C’est là un tour de force que, plus riche et plus robuste, elle pouvait peut-être se permettre, mais dont il semble qu’elle finit malgré tout par se lasser, car, au projet de budget de 1918-1919, le chancelier de l’Échiquier n’a réclamé, sur 64 millions sterling de recettes nouvelles, que 20 millions a l’income tax et 1 million au timbre des chèques, contre 42 millions et demi aux consommations générales, spiritueux, boissons, sucre et tabac : voilà un signe des temps !

C’est qu’un pays se fatigue plus vite de l’impôt direct que des autres impôts. Impératif et nominatif, il agit par contrainte personnelle ; son étroitesse de base en fait l’impôt de quelques-uns, tandis que les autres sont l’impôt de tous ou l’impôt de