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L’UNIVERSITÉ DE LOUVAIN


I

Le 19 août 1914, les Allemands, envahisseurs de la Belgique, étaient entrés sans résistance à Louvain. Dans la lutte où elle engageait pour le droit sa richesse, sa population, son existence même, la Belgique ne croyait pas risquer son Université. Ce trésor de civilisation n’appartenait pas à elle seule, elle voulait le tenir hors de la guerre au profit du monde entier. Le 25 août, le feu était mis par les Allemands à la bibliothèque : l’incendie détruisit 250 000 volumes, 920 manuscrits, écrasa sous ce poids de feu l’Université elle-même, et anéantit en trois jours ce que cinq siècles de croyance et de savoir avaient élevé.

Une seule fois le feu a déshonoré ainsi l’histoire. Une autre puissance de guerre s’était jetée sur le monde pour lui imposer une civilisation meilleure, quand, au nom de Dieu, l’Islam revendiqua pour butin les terres et les peuples. Cette conquête fut destructive de la dignité humaine par l’esclavage, de la famille par la pluralité des femmes, du travail par la rapine violente et sans limites ; mais le Coran changeait le mal en bien par la doctrine que la force crée son droit. Et les Allemands qui ont recueilli cette morale n’ont su l’étendre ni si loin ni si vite, car l’Islam ceignit de rives musulmanes toute la